Peur(s) du noir
paquita | 2 mars 2011Article paru dans le n° 92 de Montrouge Magazine.
Loin, très loin de la sophistication des images de synthèse, de la 3D et de la pauvreté de leurs scénarios, Peur(s) du noir nous convie à un voyage onirique en noir & blanc, au cœur de nos angoisses et autres phobies.
Quatre courts-métrages constituent ce film d’animation, ponctué par la voix off d’une femme confiant ses peurs intimes à l’écoute attentive d’un tiers : ami, psychanalyste, elle même peut-être… Comme dans un rêve, les histoires sont reliées entre elles par cette voix qui parfois chuchote, parfois se révolte, mais aussi avec l’apparition régulière et sépulcrale d’un “meneur de loups”, crayonné au fusain. Ces “chiens de l’enfer” avides de chair humaine se font symboles des cauchemars qui nous hantent et peuvent nous dévorer. Chaque récit singulier est né de l’imagination d’un auteur de bande dessinée : fascination/répulsion pour le monde des insectes, sadismes infantiles, peur des fantômes, solitude et folie, sont parmi les thèmes explorés. La recherche graphique qui met l’accent sur le dessin et les contrastes, renoue avec le climat expressionniste des débuts du cinéma. Les voix des personnages racontant leur histoire s’incarnent dans celles de Nicole Garcia, Guillaume Depardieu ou encore Arhur H. A cela s’ajoute une bande son digne d’un long métrage fantastique et l’on obtient un petit bijou d’intemporalité.
Multi-récompensée et qualifiée à juste de titre de “superbe aventure graphique”, le succès de Peur(s) du noir s’avère moins médiatique que celui de Persépolis, mais tout aussi important pour la reconnaissance méritée d’un cinéma d’animation audacieux et plein d’inventivité.