Relax : la colère post-punk de FRUSTRATION
paquita | 24 juin 2010Un article plus synthétique est paru dans le n° 89 de Montrouge Magazine.
A l’origine de tout processus créatif, il y a un sentiment d’inconfort, une pulsion qui demande l’expulsion, une frustration : “We have some” !! C’est ce sentiment universel, évoqué par la pochette industrielle du disque, que les membres du groupe éponyme ont choisi d’explorer en musique. Biberonnés au punk-rock de Charles de Goal, nourris du son cold de Joy Division, influencés par le rock expérimental de The Fall (entre autres) les Frustration ont créé un album qui mêle énergie “mâle” et sensibilité à fleur de peau. Bénéficiant d’une solide expérience dans la musique underground (ex Teckels, Warum Joe, No Talents, actuellement Anteenagers MC) le quintet rock avec Fabrice au chant, Nicus à la guitare, Manu à la basse, Fred aux claviers et Mark à la batterie, parvient à faire oublier les maîtres. Et c’est bien à cette maturité artistique que l’on identifie les grands, qui les rend immédiatement reconnaissables : différents. Avec Relax (2008) on ne sombre jamais dans l’introspection dépressive, la colère vaut mieux car elle est un moteur, un élan vital. On ne peut pas dire que les textes soient à proprement parler “politiques”, mais ils ont une portée contestataire, “romantique” au sens initial du terme. Onze titres ravageurs figurent au compteur de cet album au rock sombre, puissant, enrichi d’effets électro et de petites trouvailles décalées. Les titres parlent d’eux-même : “Too many questions” (qui ne s’en pose pas), “She’s so tired” (qui ne l’est pas) ou encore “Waiting for the bad things” (on ne peut plus clair). Le phénomène identificatoire tourne à plein régime. Les tourments existentiels sont le cœur de l’album : passion déchirée (”Shake me”), amitié en péril (”Relax”), impuissance d’être au monde (”So many questions”), injustice sociale (”As they said”). Chaque titre est un univers à lui seul, comme le martial “Brothers” qui évoque d’un bon upercut la camaraderie de la “working class” et s’inspire des traumas de la guerre. Autre son de cloche avec l’ industriel “Shades from the past” morceau instrumental et inquiétant, qui élargit la palette des Frustrations. Le psychotique “Faster” clos l’album sur une note hurlante et vertigineuse, qui laisse exsangue et orphelin. Encensé par la presse rock, Frustration est une véritable machine de guerre, dont les concerts électriques vous embarquent sans vous demander votre avis. Signés chez Born Bad, label parisien indépendant et spécialiste du vrai rock’n'roll, Relax est également disponible en vinyle, évidemment indispensable !
Discographie : Full of sorrow (mini LP de 6 titres) versions 2004 & 2006 - Relax (album de 11 titres) 2008