Catherine Ribeiro : (libertés ?)
paquita | 26 janvier 2013Écouter un disque de Catherine Ribeiro est une expérience auditive intense, physique. Chanteuse du groupe Alpes, elle apparait sur la scène musicale française après mai 68. La voix de Catherine Ribeiro est à son image : belle, profonde, grave, parfois incantatoire (”Le temps de l’autre”, “La voix”), toujours habitée. On y reconnaît la théâtralité de la chanson réaliste ou encore les élancements brisés du fado. Ses textes évoquent la poésie radicale d’Antonin Artaud et l’engagement politique de Léo Ferré. S’y ajoute un habillage musical expérimental forgé par son compagnon Patrice Moullet, entre rock progressif, free-jazz et même dark-folk. Ensemble ils œuvrent contre le formatage de la chanson traditionnelle, avec des titres atteignant parfois les 18 mn (”Poème non épique”), qui s’approchent des performances du Velvet Underground. On l’aura compris, Catherine Ribeiro + Alpes ne fait ni dans la concession, ni dans la demie-mesure. Néanmoins, contrairement à Gérard Manset, autre rebelle à l’industrie musicale, Catherine Ribeiro donne des concerts, bénéficiant ainsi d’une certaine couverture médiatique. Mais son étiquette de chanteuse marginale ne lui permet pas d’atteindre la reconnaissance qu’elle espère. La liberté de ton ne doit pas mourir : écouter Catherine Ribeiro en 2013, c’est donner raison à l’exigence de la chair à vif contre l’indigence des âmes creuses.
Article paru dans Montrouge Magazine n°102